Article publié le 15/02/2016 dans
Nutrition animale
Rumination
Qualité du lait

Pascal Rousseau, pôle élevage de la coopérative agricole Océalia  

OCEALIA, coopérative agricole du Poitou-Charentes, dont le siège social est basé à Cognac en Charente, a été créée en février 2016 de la fusion de Coréa (86, 79) et Charentes Alliance (16). Pascal Rousseau y est en charge de l’agrofourniture nutritionnelle (aliments, minéraux...) et de la recherche de nouveaux systèmes fourragers en phase avec les problématiques environnementales.  

Pascal Rousseau indique que la ration type en bovin lait sans pâturage était généralement composée ainsi : ensilage de maïs (56 %), ensilage d’herbe (15 %), fibres - paille et ou foin de luzerne (7 %), concentrés ou matières protéiques (22 %).  

L’avantage de ce système était d’avoir une ration stable dans le temps, facile à construire avec deux silos (l’un pour le maïs et l’autre pour l’herbe). Les inconvénients : le niveau souvent élevé d’amidon dans l’ensilage de maïs rend difficile le calage de la ration avec souvent des problèmes sur la santé des animaux (boiteries, problèmes hépatiques, acidose, manque de dynamisme) générant souvent des frais vétérinaires et un mauvais vieillissement du troupeau.  

  

Qu’est-ce qui a changé depuis ?  

“Avec les mesures agro environnementales (moins d’azote et de produits phytosanitaires), les modèles ont évolué en s’orientant vers des plantes moins exigeantes en intrants.  

Les méteils (mélanges de céréales immatures avec des légumineuses) ou les mélanges triticale + trèfle incarnat sont venus remplacer l’ensilage de RGI et une partie du maïs dans la ration.  

Derrière un mélange “triticale / trèfle incarnat” récolté de début à mi-avril, un semis de maïs est possible et on réserve cette solution sur les parcelles à bon potentiel. Par contre, un méteil se récolte de mi-mai à fin-mai, il est donc plus risqué pour implanter et sécuriser un rendement avec un maïs.  

Autres phénomènes à intégrer : la complexification de l’irrigation (gestion de l’eau) et l’agronomie des sols.   

Ces éléments ont amené les éleveurs à repenser leur modèle fourrager avec plusieurs objectifs : maintenir les performances du troupeau, sécuriser les stocks fourragers et respecter les mesures environnementales.”  

  

Qu’avez-vous mis en place pour atteindre ces objectifs ?  

“Un nouveau fourrage moins exigeant en eau et pouvant être semé après un méteil semblait intéressant. Nous avons donc testé le sorgho monocoupe BMR pendant quelques années pour arriver au profil de ration suivant :  

  • 9 à 13 kg MS de maïs ensilage,  
  • 3 à 4 kg MS de sorgho ensilage BMR,  
  • 2 à 4 kg de MS ensilage triticale Trèfle,  
  • 0,5 à 1 kg de fibres.  

Le méteil est souvent destiné à la ration des génisses.”  

  

Quels résultats avez-vous constaté suite à ce changement de ration ?  

“Les éleveurs ayant incorporé de l’ensilage de sorgho BMR monocoupe pendant un mois dans la ration des vaches laitières constatent :  

  • Une augmentation de l’activité des vaches,  
  • Une fréquentation plus importante au robot de traite (+ 0,2 à + 0,3 passage par jour),  
  • Une baisse significative des boiteries,  
  • Moins de problèmes métaboliques,  
  • Une amélioration sensible de réussite à la première IA,  
  • Une production de lait en légère augmentation, avec de meilleurs taux (surtout TB),   
  • Une augmentation de la matière sèche ingérée de l’ordre de 3 à 5 %,  
  • Moins de perte d’état en début de lactation.  

Le sorgho permet une diminution de l’amidon en sécurisant l’énergie de la ration.  

Le sorgho est une des rares plantes qui dispose d’une forme de fibre digeste, appétente, riche en UF qui dynamise les papilles du rumen par la multiplicité des angles d’attaque sur les brins d’ensilage. Ceci permet de baisser sensiblement la paille et donc reconcentrer la ration de 0,3 à 0,5 UFL par kg de MS.  

En conclusion les éleveurs constatent que les vaches vont bien, produisent mieux et sont plus actives. La vie quotidienne du troupeau étant sécurisée, l’éleveur est plus serein et aura moins de frais vétérinaires.”