Article publié le 15/03/2017 dans
Gestion
Valorisation des prairies
Indicateur de performance

A la tête d’un troupeau de 400 brebis laitières en Aveyron, Olivier Vayssettes a mis en place des indicateurs de performance pour tous les postes clés. Huit ans après son installation, presque tous les voyants sont au vert. Vert comme ses fourrages, point d’orgue de sa stratégie.  

 

L’exploitation  

Installé à Villefranche-de-Rouergue (12), Olivier Vayssettes élève 400 brebis laitières et 130 agnèles de renouvellement sur 85 ha de Sau (15 à 20 ha de luzerne, 30 ha de graminées-légumineuses, 20 ha de céréales, 15 à 20 ha de prairies naturelles). Adhérent de Sodiaal, hors zone de Roquefort, l’éleveur dispose d’un volume de référence de 130 000 L, produit entre le 20 octobre et le 20 juin. Le fait de ne pas dépasser le seuil de 35 % du volume de référence entre février et mai lui permet de produire jusqu’à 150 000 L. Le lait génère entre 70 et 75 % du chiffre d’affaires hors aides, contre 25 % à 30 % pour la vente de viande et de reproducteurs. L’éleveur partage un salarié avec un voisin, à hauteur de 60 % pour sa part.  

  

Olivier Vayssettes, exploitant à Villefranche-De-Rouergue  

On a bien écrit Excel et non Texel, du nom de la race ovine. Excel, ce n’est ni le nom d’un bélier reproducteur, ni celui d’une ensileuse, ni celui d’une formule d’aliment. Ce n’est pas non plus un couteau suisse ou plutôt aveyronnais, référence au département où Olivier Vayssettes est installé, à Villefranche-de-Rouergue.

Excel, c’est le logiciel de Microsoft, lequel permet de réaliser des calculs en un clic en changeant instantanément de variable. « Quand je me suis installé en 2009, j’ai commencé par marcher dans les pas du cédant », se rappelle l’éleveur. « J’avais certes un diplôme d’ingénieur en poche mais après 10 ans d’activité dans le machinisme et hors cadre familial, je n’avais aucune pratique ni des cultures, ni de l’élevage. Très vite, j’ai mis en place des indicateurs pour disposer en temps réel d’un tableau de bord de l’exploitation et pour mesurer l’impact de tel et tel choix technique ».  

  

Aucune concession sur les semences fourragères  

Très rapidement, l’éleveur identifie la production fourragère comme étant limitante, avec une surreprésentation des prairies naturelles, pénalisantes tant en quantité qu’en qualité.

Il introduit de la luzerne, des associations de trèfle violet et de graminées et met en place un pâturage tournant, en limitant à 3 jours la présence des animaux dans les paddocks.

Concentré sur les parcelles les plus pentues, le pâturage couvre les besoins de mars à octobre. Les parcelles planes sont réservées à la constitution de stocks hivernaux, sous forme d’ensilage, d’enrubanné et de foin.

L’éleveur peaufine aussi la conduite de ses céréales. Résultats ? « Je suis autonome voire légèrement excédentaire en fourrages, en paille et en céréales ».

L’investissement dans des semences certifiées à haute valeur ajoutée est l’un des rares postes à ne pas être passé sous les fourches caudines du tableau Excel. « Une semence de qualité, c’est 20 à 40 €/ha de plus qu’une semence banalisée mais à l’arrivée, c’est 1 à 2 t/an de fourrage en plus ».  

  

340 L par tête au cours des deux dernières années  

Côté mécanisation, la Cuma est privilégiée pour optimiser le poste. Côté génétique, l’éleveur peut s’appuyer depuis le départ sur un troupeau en sélection officielle, qu’il s’attache à conforter, tout en essayant de mieux valoriser les reproducteurs. Récompensée de ses efforts technico-économiques - « Je dois progresser sur la qualité du lait » -, confortée par la Pac - « J’essaie de couvrir mes annuités et une partie de ma trésorerie hors primes » -, portée par la dynamique laitière ovine, l’exploitation d’Olivier Vayssettes est rentable depuis trois ans. « Désormais, je m’attache à stabiliser mon système, ce qui n’est jamais acquis car on travaille sur du vivant. Ayant travaillé 10 ans avant de m’installer, j’ai pu apporter du capital et réduire d’autant mes emprunts.  

C’est un paramètre important. Je ne suis pas propriétaire des terres, je possède très peu de matériel, je ne me sens pas prisonnier d’un système. J’aime mon métier mais si l’exploitation n’était pas rentable et si le contexte était trop pesant pour le bien-être de ma famille, je pourrais tout remettre en question ». Mais pour l’heure, le verdict d’Excel est... excellent !