Article publié le 23/01/2022 dans

Le sorgho, une culture originaire d'Afrique

La culture de cette céréale originaire d’Afrique se développe en Europe et gagne des régions de plus en plus septentrionales. 

Moins exigeante en eau que le maïs, l’espèce ne manque pas d’atouts pour relever les défis climatiques et même sociétaux qui se présentent aux agriculteurs. Sa production nécessite cependant une bonne technicité au moment du semis.  
 

Sorgho

Comment expliquer la popularité croissante du sorgho ?

Adapter les cultures en prévision des périodes de sécheresse et de canicules estivales devenues plus fréquentes. Cette préoccupation est aujourd’hui partagée par de plus en plus d’agricultrices et d’agriculteurs en Europe, y compris celles et ceux des climats océaniques qui ne sont plus épargnés par ce type d’épisodes. Dans ce contexte, les surfaces de sorgho gagnent du terrain en complément du maïs dans les assolements. 

Sur l’année 2020, les surfaces implantées ont augmenté de 20 % pour le sorgho grain et de 12 % pour le sorgho fourrager (source : Sorghum ID). La France est le premier pays producteur de l’Union européenne avec 122 000 ha. Dans le pays, la zone historique de production depuis l’après-guerre est l’Occitanie. Cependant, de nouveaux berceaux émergent dans le grand-Ouest comme la Nouvelle Aquitaine, le Centre Val de Loire et même les zones les plus précoces de Normandie et de Bretagne.
 

Pourquoi associer le sorgho au maïs ?

Maïs et sorgho : des besoins en eau qui diffèrent

Originaire d’Afrique, le sorgho présente la particularité de  tolérer momentanément les manques d’eau et d’être capable de poursuivre sa croissance à des températures allant jusqu’à 40°C. A titre de comparaison, le maïs stoppe sa croissance autour de 30-35°C. Pour les producteurs, l’introduction de sorgho en complément du maïs permet donc d’apporter une sécurité supplémentaire pour anticiper les épisodes de canicules de plus en plus fréquents. 

Pour parvenir à ce niveau de résistance, la plante produit sur son épiderme de la cérosée, une substance blanche – comme une crème solaire, qui lui permet de se protéger des rayons UV. Le stade épi-floraison est cependant à surveiller. Un manque d’eau sur cette période peut entraver la fécondation et le nombre de grains qui est une composante essentielle du rendement. C’est pourquoi le sorgho est parfois irrigué. Pour les maïsiculteurs qui disposent de systèmes d’irrigation, le matériel peut être valorisé sur sorgho. Les besoins en eau sont toutefois bien inférieurs avec des charges de carburant qui sont réduites mécaniquement par rapport à l’irrigation du maïs.
 

Coupler le maïs au sorgho pour étaler la période de semis

En France, la période d’implantation du sorgho est assez tardive, d’avril à début juin selon les régions et selon la précocité de la variété. Cela peut être un atout pour différentes raisons auprès d’agriculteurs qui souhaitent allonger l’inter-culture pour produire par exemple une dérobée fourragère, une culture légumière ou une culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive). Cela permet aussi aux agriculteurs d’étaler leur période de semis notamment pour ceux qui cultivent du maïs qui est semé plus tôt.  

sorgho ou mais

Semis du sorgho et du maïs: différence et adaptation

La règle est de semer le sorgho dans un sol bien réchauffé de 11-12°C minimum (8-10°C pour le maïs). Le semis se fait à une profondeur entre 2 et 4 cm, selon les préconisations d’Arvalis Institut du végétal. La graine de sorgho est de petite taille ce qui nécessite une attention particulière au semis pour bien assurer le contact sol-graine. L’écartement préconisé entre les rangs est de 40 à 60 cm. C’est moins que pour le maïs (75-80 cm), ce qui peut nécessiter d’adapter le semoir ou d’utiliser un autre équipement.

« L’utilisation d’un semoir monograine assure une meilleure maîtrise de la densité de semis, une régularité de profondeur et de répartition des semences sur la ligne et permet la réalisation de binages », souligne l’Institut technique Arvalis. L’utilisation d’un semoir à céréales est cela dit également possible en coupant un rang sur deux ou deux sur trois. 

« Comme en maïs, la localisation d’un engrais starter au semis (en dessous du niveau de la graine et à 4-5 cm de la ligne de semis NDLR) peut permettre d’assurer une meilleure vigueur au départ et une levée homogène du sorgho, complète Arvalis. (…) Une protection au semis peut s’avérer nécessaire dans les parcelles à risque taupins avec un insecticide micro-granulé ».

L’implantation du sorgho exige également une parcelle présentant peu d’adventices. Un soin particulier est donc apporté sur ce point.