Article publié le 24/03/2022 dans

La rénovation par regarnissage des prairies est souvent à envisager lorsque la culture n’assure plus correctement les fonctions attendues notamment en termes de qualité et de quantité de fourrages produits. Avant d’envisager un coûteux ressemis, le sursemis est une technique envisageable mais technique. Décryptage.

La productivité des prairies - aussi bien en qualité qu’en quantité a tendance à baisser en France, y compris dans les régions reconnues pour leur production d’herbe de qualité comme en Normandie. Parmi les facteurs explicatifs, les aléas climatiques ne suffisent souvent pas à eux seuls à expliquer la dégradation des résultats. Les Instituts techniques comme Arvalis, pointent notamment un manque d’investissements notamment en amendements et engrais dans ces couverts comme cause principale de la baisse des rendements. Un autre facteur est la modification de la flore avec une prépondérance d’espèces peu intéressantes sur le plan agronomique. Outre la baisse de qualité et de quantité de fourrage un agriculteur peut avoir intérêt à rénover sa prairie pour restaurer des fonctions normalement assurées par la prairie, comme la portance du couvert et des enracinements profonds pour améliorer la résilience face à la sécheresse et la nutrition en minéraux.

susemis prairie

Pourquoi opter pour un sursemis : un capital à reconstruire

Dès lors que des besoins de rénovation se font ressentir sur l’exploitation, la première question à se poser pour l’agriculteur est de tenter d’analyser les causes de cette perte de fonctionnalités essentielles. Pour cela, le diagnostic prairial qui consiste à inventorier les espèces présentes et leurs effectifs, est un bon point de départ. La réalisation d’un profil de sol ou de micro-profil de sol pourra également permettre de mieux comprendre le fonctionnement du couvert et aussi de trouver des causes de déclin (présence d’horizons compactés, signes d’hydromorphie, etc…).

Dans de nombreuses situations, des changements de pratique ciblés suffiront à restaurer le couvert. C’est le cas notamment des prairies qui contiennent encore 30 % d’espèces dites favorables selon le Gnis (groupement national interprofessionnel des semences et des plants). Les pratiques dans ces cas-là viseront une gestion différente des fauches et du pâturage pour cibler la restauration de certaines espèces. Elles viseront également le rééquilibrage minéralogique du sol par la fertilisation, la gestion de l’assimilation des bouses par le sol, la gestion des refus… Eclaircir la prairie est également une option efficace de rénovation à la seule condition d’y associer un sursemis selon une synthèse d’essais réalisés par Arvalis (essais de 2007 à 2011, étude disponible sur le site de l’AFPF).

L’intérêt du sursemis pour vos prairies : Contact sol-graines

Il arrive cependant des situations où la prairie n’a plus le capital de flore intéressante suffisante pour pouvoir se régénérer d’elle-même. Un sursemis ou regarnissage peut alors être envisagé. La technique présente des avantages vis-à-vis d’un ressemis. Elle peut être pratiquée sur des prairies naturelles non labourables ou difficilement labourables. Par ailleurs la technique ne cause pas d’arrêt de la production de fourrage. Cette technique est reconnue par Arvalis pour « rénover à moindre coût ses prairies et pérenniser des prairies temporaires. C’est une technique légère à mettre en œuvre dont la réussite dépend de plusieurs facteurs, parmi lesquels la mise en contact des graines avec le sol et la maîtrise de la compétition entre les plantules et les espèces déjà présentes », explique l’Institut du végétal.

sursemis prairie
Une rénovation ou regarnissage est à envisager dès que les prairies contiennent moins de 30 % d’espèces dites favorables selon le Gnis.

Comment procéder au sursemis de prairie ?

Pour procéder au sursemis, il est conseillé d’intervenir assez tôt au printemps et sur une prairie aérée avec présence de sols nu sur environ 10 % minimum de la surface totale. En sortie d’hiver, de nombreuses prairies présentent d’elles-mêmes cette caractéristique. Autrement, un déprimage par des troupeaux ovins, ou une fauche assez courte à 5cm de hauteur sont préconisés. Cette opération sera complétée d’un passage de herse lourde à dents fixe ou de passages croisés de herse étrilles ou de herses scarificatrices. Ces griffages offrent l’avantage de produire de la terre fine en vue d’assurer le meilleur contact sol-graine que possible. Avant cela, il est possible de réaliser des désherbages sélectifs à l’automne pour réduire les populations de rumex, renoncules, pissenlits et de chardons notamment. Ceci étant, « il existe un risque de rémanence des herbicides, notamment pour tous les produits à base de sulfonylurée », indique Arvalis. Cette pratique est ainsi incompatible avec le sursemis de légumineuses.

Quelle méthode pour le sursemis de prairie ?

Au printemps, la date de semis ne doit pas être trop précoce afin de prendre en compte le réchauffement de la terre qui doit être suffisant pour permettre une levée rapide des semences. A cette période de forte pousse de l’herbe, le risque de concurrence avec la végétation en place est important. En revanche, « le semis ne doit pas être trop tardif afin que les espèces implantées soient suffisamment développées (4-5 feuilles pour les graminées, 3 feuilles pour le trèfle blanc) pour supporter des sécheresses précoce », insiste l’Institut du végétal. Une autre technique est de réaliser le sursemis en fin d’été à partir du 15 août. La prairie en place est alors moins « poussante », ce qui limite la concurrence. En revanche la réserve en eau du sol est souvent faible à cette période ce qui peut contrarier les chances de succès. Il faut semer avant l’annonce de précipitations suffisantes.

Le semis peut se faire à la volée (descentes de graines escamotées) avec un semoir à céréales équipé d’une herse. Le recouvrement se fait à faible profondeur (1cm maximum), ou avec un combiné de semis spécialement équipé pour réaliser l’hersage en surface. « La dose de semis préconisée est proche de celle d’un ressemis en sol nu : elle varie de 20 à 25 kg/ha pour les graminées, en pur ou en association, et de 3 à 5 kg par ha pour le sursemis de trèfle blanc seul », détaille Arvalis. Pour assurer le meilleur contact de la semence avec la terre, un rappuyage est fortement conseillé par mise au pâturage d’animaux ou de façon mécanique avec un rouleau.

Quelles espèces choisir pour le sursemis de prairie ? 

Le succès de la pratique du sursemis est lié à la capacité des semences implantées à concurrencer la végétation en place. Le choix de semences doit donc s’orienter vers des variétés dites agressives, c’est-à-dire capable de s’installer rapidement. Arvalis conseille ainsi le ray-grass anglais et le trèfle blanc pour des parcelles destinées au pâturage. Le ray-grass hybride, le brome et le trèfle violet sont adaptés pour le sursemis des prairies de fauche. Barenbrug dispose dans son catalogue de nombreux mélanges variétaux adaptés au regarnissage de prairies pour les différents systèmes fourragers envisagés ainsi que pour les différents types de sols, périodes et techniques de semis. N’hésitez pas à contacter nos ingénieurs spécialisés.