La luzerne est la plante fourragère la plus riche en protéine. Elle séduit donc de nombreux éleveurs en recherche d’autonomie, d’autant plus qu’elle capte l’azote de l’air et qu’elle prépare le sol pour la culture suivante. Le succès de cette culture nécessite cependant un soin particulier lors du semis.
La culture de la luzerne : une semence aux nombreux atouts
Résistante à la sécheresse, riche en protéines, peu gourmande en engrais, productive, riche en fibres… La culture de la luzerne a de très nombreux atouts et elle séduit d’ailleurs de plus en plus d’éleveurs en quête d’autonomie alimentaire pour leurs troupeaux. Avec un potentiel pouvant dépasser 10 t de matière sèche à l’hectare, la culture fait notamment partie des alternatives à l’importation de soja (OGM) d’Amérique latine pour équilibrer les rations des ruminants. La luzerne séduit également les agriculteurs des régions de grandes cultures en synergie avec des usines de déshydratation ou bien par des contrats passés avec les éleveurs. En système d’agriculture biologique (AB) sans élevage, la prairie de luzerne bio est souvent la clé du modèle de rotation. Elle assure en effet une fonction de fertilisation (grâce à une symbiose avec un rhizobium autour des racines pour fixer l’azote de l’air), mais aussi de désherbage et de revitalisation du sol pour les cultures suivantes. Toutefois la réussite de cette culture qui reste en place en général trois à cinq ans, dépend de nombreux facteurs et notamment de la réussite du semis. Voici quelques points clés à bien prendre en compte.
Porter une attention particulière à son sol pour réussir le semis de luzerne
La luzerne peut s’adapter à de nombreuses situations pédologiques. Elle supporte notamment bien les zones sèches, ce qui en fait une culture bien adaptée dans le contexte actuel de dérèglement climatique. Par ailleurs, la luzerne se développe mieux sur des sols alcalins et calcaires. Selon Arvalis, il est essentiel « de choisir une parcelle avec un pH eau supérieur à 6. Dans le cas contraire, un chaulage de redressement peut être réalisé avant l’implantation de la culture en prenant soin d'incorporer l'amendement dans les 10-15 premiers centimètres ». « La luzerne ne supporte pas les terres lourdes et humides, complète la chambre d’Agriculture de Bretagne. Pour que les nodosités des racines fonctionnent, il faut que le sol soit aéré dès le redémarrage de la végétation ». Le sol doit donc être suffisamment drainant et peu hydromorphe.
L’Institut Arvalis conseille également de réaliser une étude de sol avant l’implantation pour lever certains blocages éventuels de minéraux. Une fois bien implantée, la légumineuse est capable de mobiliser du phosphore et du potassium grâce à un enracinement profond. Cependant la culture est sensible aux carences en phosphore. En effet, la fonction de fixation de l’azote par le rhizobium mobilise du phosphore biodisponible. La présence de molybdène et de cobalt est également essentielle car les oligo-éléments jouent le rôle de catalyseurs de la nitrogénase impliquée dans la fixation de l’azote. Le soufre quant à lui est mobilisé pour la fabrication d’acides aminés et contribue à la synthèse des protéines par la culture. La luzerne exporte beaucoup de potasse, cependant elle serait peu sensible aux carences pour cet élément. Des apports en potasse sont cependant à anticiper pour entretenir la fertilité du sol et compenser les exportations.
Préparation du semis de luzerne
Quelle date pour le semis de la luzerne ?
Comme pour l’implantation d’une prairie, la date de semis doit coïncider avec des fenêtres favorables d’humectation du lit de semence. En France, selon les zones plus ou moins séchantes, la date limite s’étale du 20 janvier (dans le Sud) au 20 avril (extrémité nord), en veillant à éviter l’effet néfaste du gel tardif. Cette période d’implantation qui est généralement la plus sûre, limite la récolte en première année à la moitié du plein potentiel. Lorsqu’une implantation estivale est envisagée, la date limite de semis est le 30 août dans l’Est jusqu’au 10 octobre en Occitanie. Un semis précoce en fin d’été permet une production dès le printemps suivant. Le semis de fin d’été doit assurer une levée suffisamment rapide pour pouvoir viser un stade minimum de 2 ou 3 feuilles trifoliées avant le passage des premières gelées.
Quelle profondeur pour le semis de luzerne ?
Les semences de luzernes sont petites, de l’ordre de 300 à 600 graines par gramme, ce qui signifie que les réserves contenues dans la graine sont limitées. Pour cette raison, il est conseillé de viser une profondeur de semis de 1cm, sans dépasser 2 cm de profondeur. Le lit de semence mérite ainsi d’être très bien travaillé et émietté en évitant des tailles de mottes supérieures à 0.5 cm, ainsi que les creux. Le bon suivi du terrain par le semoir est essentiel. Cela passe par une bonne révision, des réglages adaptés et un bon contrôle qualité du chantier. Le contact sol-graine a toute son importance pour favoriser la levée. Il est ainsi d’usage de retasser le lit de semence par le passage d’un rouleau. Arvalis préconise de préférence les rouleaux de type cultipacker et d’éviter les rouleaux lisses.
Semis de luzerne sous couvert d’une culture de printemps
La luzerne se sème également fréquemment sous couvert d’une culture de printemps comme l’orge, l’avoine ou le tournesol, « avec de bons résultats » , constate Arvalis. Le principe est de semer d’abord la culture, puis de faire un second passage de semis à faible profondeur pour la luzerne. La culture de luzerne s’établit et reste ainsi dans l’ombre de la culture principale avant de prendre la place après la récolte de la céréale ou du tournesol.
Pour réussir la culture de luzerne, apprendre à gérer les semences
« En pure, la densité de semis de la légumineuse est de 25 kg/ha à l’automne contre 20 kg/ha au printemps », explique l’Institut du végétal, qui conseille également une dose de 25 kg/ha en semis de luzerne sous couvert. Pour pouvoir pleinement s’implanter et entrer en pleine production, la luzerne a besoin d’entrer en symbiose pour fixer l’azote de l’air via une bactérie particulière, le Rhizobium meliloti. L’inoculation des semences est pratiquée surtout pour les parcelles n’ayant pas reçu de culture de luzerne depuis plus de cinq ou sept ans, ou dans les parcelles les plus acides. Il est conseillé de ne pas réaliser de ressemis ou de sursemis de luzerne. En outre, un délai de retour de 5 à 7 ans doit être respecté en raison de la présence de pathogènes spécifiques et de la présence rémanente dans le sol d’une substance allélopathiques que produit la luzerne (le médicarpin).
Tolérance aux nématodes, vigueur, choix des variétés, mélanges, enrobage d’inoculum… Le choix de la semence de luzerne a également toute son importance pour réussir sa culture. C’est pourquoi le semencier Barenbrug propose un catalogue étoffé de plusieurs variétés adaptées à de multiples situations. N’hésitez pas à prendre contact avec le service conseil, pour trouver la solution qui vous conviendra le mieux.