Article publié le 08/12/2025 dans
Entretenir sa prairie

Originaire des zones tropicales d’Afrique, le sorgho (Sorghum bicolor) connaît un intérêt croissant dans les régions tempérées d’Europe. Peu gourmande en eau, résiliente face aux aléas climatiques, riche d’un point de vue nutritionnel, polyvalente, cette céréale millénaire s’impose désormais comme une alternative durable face aux cultures plus exigeantes, comme le maïs. Pour les professionnels du secteur, maîtriser la production du sorgho est essentiel pour optimiser son rendement.

Quelles sont les caractéristiques du sorgho ?

Le sorgho appartient à la famille des Poacées (graminées). Il s’agit d’une plante annuelle dont le cycle végétatif s’étend en moyenne sur 110 à 140 jours1. D'un point de vue morphologique, le sorgho se caractérise par une tige rigide et pleine, dont la hauteur atteint jusqu’à 4 mètres4. La tige est surmontée d’une panicule plus ou moins dense, en fonction des variétés.

Le sorgho se divise en deux catégories :

  • Le sorgho grain, destiné à l’alimentation humaine (farine, bière…) ou animale (pâturage, ensilage).
  • Le sorgho sucrier, utilisé pour la production de sirop.

Grâce à un système racinaire profond et à une photosynthèse de type C4, le sorgho capte efficacement le dioxyde de carbone, limite la transpiration foliaire. Il est ainsi très résistant face au stress hydrique.

Sur le plan nutritionnel, cette céréale est riche en fibres, en antioxydants et en minéraux. Exempte de gluten, elle est très recherchée dans l’alimentation fonctionnelle et les régimes alternatifs.

Comment semer le sorgho ?

La réussite de la culture du sorgho commence par une préparation minutieuse du sol. Ce dernier doit être fin, propre, bien nivelé.

Conditions et période de semis

Le semis s’effectue lorsque la température du sol atteint au moins 12 °C1, soit entre mi-avril et mi-mai, voire jusqu’en juin, selon les régions.

Profondeur et densité de semis

Les graines sont placées dans un sillon de 2 à 4 cm2 de profondeur, avec un écartement de 40 à 60 cm2. L’utilisation d’un semoir de précision garantit un lit de semence homogène et favorise ainsi la levée rapide et régulière des plantules, condition essentielle pour limiter la concurrence des adventices.

La densité varie selon la variété de sorgho :

  • 220 000 à 350 000 grains/ha3 pour les variétés précoces à très précoces.
  • 200 000 à 290 000 grains/ha3 pour les variétés demi-tardives à tardives.

Un apport starter à base de phosphore, de potassium est recommandé pour stimuler l’enracinement. Après le semis, un roulage léger améliore le contact graine-sol, favorise la germination.

Quel itinéraire technique pour le sorgho ?

Durant les premières semaines, le sorgho pousse lentement. Un désherbage (mécanique ou chimique) est alors nécessaire pour limiter la compétition avec les adventices. En agriculture de conservation, le passage d’outils inter-rangs est conseillé en complément.

L’irrigation n’est envisagée que dans les sols superficiels ou en cas de sécheresse prolongée.
Côté protection sanitaire, le sorgho reste globalement robuste. Il convient tout de même de surveiller la présence de taupins (larves de coléoptères) au stade plantule, les attaques d’oiseaux sur panicules, ainsi que certaines maladies fongiques comme le charbon, la rouille ou la pourriture rouge. Lorsque la vigueur des plantes le justifie, une fertilisation complémentaire, notamment azotée, peut être apportée en cours de végétation.

Suivi du sorgho : points de vigilance au cours du cycle

La surveillance du développement est essentielle pour ajuster les interventions. À la levée, il faut vérifier la régularité des rangs, la densité effective. Au cours du développement foliaire, il est nécessaire de contrôler la propreté de la parcelle et la vigueur des plantes. À la floraison, la plante est particulièrement sensible à la sécheresse et aux carences en azote. Un suivi météorologique attentif s’impose pour prévenir les maladies, le stress hydrique. Le cas échéant, un arrosage ponctuel ciblé sécurise le rendement.

Culture du sorgho : récolte, séchage et conservation

La récolte intervient à maturité physiologique (110 à 140 jours après le semis). Le grain atteint alors un taux d’humidité compris entre 16 et 22 %1, seuil idéal pour le battage.
La vitesse, l’ouverture du contre-batteur de la moissonneuse-batteuse doivent être ajustées suivant l’humidité du grain. En automne, attention aux risques de verse.

Pour éviter le développement de moisissures, un séchage rapide après récolte est indispensable. Il peut être réalisé par ventilation naturelle ou au séchoir, sans dépasser 90 °C1. L’objectif est d’abaisser l’humidité à 15 %1 avant le stockage.
Les grains sont ensuite nettoyés pour éliminer poussières, impuretés, puis conservés dans un local sec, aéré, à température stable.

Quelles sont les associations de culture possibles ou inadaptées ?

Le sorgho en culture pure reste la configuration la plus efficace. À éviter : la culture en compagnonnage avec des graminées estivales concurrentes (sauf cas très spécifiques comme le maïs fourrager) ou d'autres cultures sensibles aux mêmes maladies ou ravageurs.

Le sorgho trouve en revanche sa place dans les rotations culturales. Son cycle court permet d’alterner avec des cultures d’hiver (blé, orge, colza…). En couvert végétal, le sorgho présente aussi de bons atouts agronomiques, avec une nette amélioration de la structure du sol.

Innovations et perspectives autour de la culture du sorgho

Les travaux de sélection récents ont permis de développer des variétés plus précoces, plus rustiques. Le sorgho assure ainsi un bon rendement même dans des conditions climatiques moins favorables.

Sur le plan agronomique, écologique, le sorgho s’impose comme un levier de résilience : il valorise les terres sèches, consomme jusqu’à 30 %4 d’eau en moins par rapport au maïs et limite la dépendance aux intrants chimiques.

Enfin, de nouvelles utilisations émergent autour de la culture du sorgho : production de bioénergie (biogaz, bioéthanol), fabrication de matériaux de construction, de bioplastiques.

Réponse aux enjeux environnementaux, la culture du sorgho est une filière d’avenir. Sa réussite repose sur un choix variétal adapté, une préparation soignée du sol, une densité maîtrisée, un entretien régulier.

 

Sources :

1 https://www.semae-pedagogie.org/sujet/sorgho-culture-semis-suivi-recolte/ 
2 https://www.semencesdefrance.com/actualite-semences-de-france/sorgho-grain-positionner-idealement-les-semis-entre-mi-avril-et-mi-mai-selon-le-secteur/ 
3 https://www.arvalis.fr/sites/default/files/imported_files/choisirsorgho2015_8974967705031878268.pdf 
4 https://www.agryco.com/blog/cultures/sorgho