Le méteil fourrager est un mélange implanté pour produire un fourrage équilibré et de qualité en un seul passage. Passons en revue sa composition, la méthodologie de semis et les stratégies de mélange.
Qu'est-ce que le méteil fourrager ?
Le terme « méteil » désigne traditionnellement (au sens du Code rural) un mélange de blé et de seigle. Dans le langage agronomique courant, nous parlons de « méteil fourrager » pour désigner un mélange de céréales à paille (source d’énergie), de protéagineux et de légumineuses à courte durée. Destiné à l’alimentation du bétail, le méteil fourrager peut être exploité de plusieurs manières. Il est récolté :
- En grains.
- En ensilage au stade de grains immatures.
- En enrubannage.
- Ou en plante entière (pâturage).
L’objectif est d’obtenir un fourrage équilibré, performant. D’un point de vue alimentaire, la diversité du mélange améliore son appétence et sa digestibilité. En fonction de sa qualité, le méteil permet de limiter l’apport de concentrés, et ainsi, de diminuer le coût alimentaire.
Sur le plan agronomique, le méteil améliore la structure du sol. La fixation de l’azote par les légumineuses profite aux céréales associées ainsi qu’aux cultures suivantes. Le couvert végétal se met en place assez rapidement. Il limite ainsi l’érosion et agit comme un écran protecteur. Le temps d’implantation est diminué : la parcelle peut être libérée tôt, en fonction de la date de récolte.
Comment sont composés les méteils fourragers ?
Dans les trois familles d’espèces utilisées pour le méteil fourrager, nous retrouvons :
- Protéagineux : pois fourrager (Pisum arvense), féverole (Vicia faba), vesce (Vicia sativa ou V. villosa)…
- Céréales à paille : avoine (Avena spp.), orge, triticale (Triticosecale), blé fourrager/à paille (Triticum aestivum)…
- Légumineuses à courte durée de vie : trèfle d’Alexandrie, trèfle incarnat (Trifolium incarnatum).
Il n’y a aucune utilité à intégrer un nombre trop élevé d’espèces : 3 à 4 sont suffisantes. La clé est la complémentarité.
Quels sont les différents types de méteils fourragers ?
Nous distinguons :
- Le méteil de printemps : semé au printemps, récolté en été (juillet-août), il est utile en culture dérobée.
- Le méteil d’été : semé en été, récolté à l’automne (octobre), il est exploitable en ensilage et en enrubannage.
- Le méteil d’hiver : semé à l’automne, récolté au printemps suivant (avril-mai), il est très employé pour sécuriser le système fourrager.
Comment semer le méteil fourrager ?
Le poids de mille grains (PMG) des différentes espèces est très variable. En conséquence, la profondeur de semis, la densité et la proportion de chaque espèce doivent être ajustées.
Densité de semis
Quelques exemples de mélanges typiques :
| Types de mélanges | Espèces principales | Densité (grains/m²) | Densité (kg/ha) |
| Mélange d'hiver, céréales majoritaires | Triticale | 140 à 200 | 61 à 88 |
| Avoine | 30 à 80 | 11 à 30 | |
| Pois fourrager | 10 à 20 | 10 à 20 | |
| Vesce | 10 à 15 | 6 à 9 | |
| Mélanges de printemps, céréales majoritaires | Avoine | 120 | 44 |
| Pois fourrager | 15 | 15 à 45 | |
| Féverole | 20 | 13 | |
| Mélange à légumineuses dominantes | Avoine (ou triticale) | 43 | 16 (ou 19) |
| Vesce | 31 | 20 | |
| Pois fourrager ou protéagineux | 37 (ou 45) | 37 à 100 | |
| Féverole | 14 | 56 à 84 |
Itinéraire technique pour méteil d’hiver
- 1. Préparation du sol : le sol doit être bien ressuyé, la structure favorable. Le désherbage n’est, en règle générale, pas nécessaire. Les mélanges sont, en effet, suffisamment étouffants pour empêcher la pousse d'adventices.
- 2. Fertilisation : même si les légumineuses fixent de l’azote, il est important de prévoir un apport de phosphore (P) et de potassium (K), en particulier pour les récoltes plantes entières. L’apport se fait sous forme organique ou minérale. Pour le ratio P/K, utiliser la méthode Comifer.
- 3. Semis : bien mélanger les graines avant et pendant le semis pour éviter la sédimentation dans la trémie. Concernant la profondeur de semis, si le mélange comprend des céréales, de la vesce et/ou du pois, le semis peut être réalisé en un seul passage, à une profondeur d’environ 3 cm. Si le mélange intègre de la féverole, il est préférable d’effectuer deux passages de semis : cette plante requiert en effet une profondeur plus importante (entre 7 et 8 cm) afin de réduire les risques de gel. Il en va de même pour les trèfles et les graminées : une profondeur de semis d’environ 1 cm assure une meilleure levée.
- 4. Entretien : il n’y a pas de conduite particulière à tenir en la matière. En effet, du fait de la diversité des espèces composant un mélange et de leur résistance, la fréquence et l’intensité des maladies se trouvent réduites.
Méteil fourrager : comment composer son mélange ?
La qualité alimentaire est fortement liée à la part de légumineuses et au stade de récolte. Une récolte tardive augmente la quantité de tiges, de fibres longues et, par extension, la teneur en cellulose. Ce phénomène contribue à une meilleure structure de la ration et un bon pouvoir tampon dans les rations à base de fourrages grossiers. Pour la digestibilité et la teneur en protéines (matière azotée totale ou MAT), une récolte plus précoce est souhaitable, car la légumineuse est encore verte, peu lignifiée.
Le choix du mélange dépend ainsi de l’objectif visé :
- Qualité alimentaire/valeur nutritive (animaux à besoins élevés comme les vaches laitières ou les jeunes bovins) : privilégier une récolte précoce, avec une proportion significative de protéagineux.
- Rendement/sécurité de ration (animaux à besoins modérés, vaches allaitantes, ou pour pallier déficit fourrager) : privilégier un mélange équilibré céréales/protéagineux et une récolte plus tardive.
Récolte du méteil fourrager : les points de vigilance
Dans les méteils riches en protéagineux (plus de 40 % de légumineuses dans la matière sèche ou MS récoltée), le séchage peut poser problème. Les tiges sont larges, le couvert dense, les andains peu aérés. Conséquence ? Une évacuation de l’eau ralentie, un risque d’échauffement et de pertes. En ensilage, il est recommandé de ne pas dépasser 72 h de préfanage (voire 96 h par temps frais) pour éviter la croissance de flore fongique (moisissures, levures). En cas de récolte tardive, attention à l’usage de céréales « trop barbues » (certaines variétés d’orge ou de blé paille) : elles peuvent nuire à l’appétence du fourrage, voire à la récolte.
Le méteil fourrager est une méthode pertinente pour les systèmes d’élevage bovin : il permet de concilier autonomie fourragère, valeur protéique et flexibilité agronomique. Sa réussite passe avant tout par le choix d’espèces adaptées.
Sources :
https://www.arvalis.fr/infos-techniques/meteils-fourragers-de-la-production-la-valorisation-par-les-bovins
https://herbe-book.org/articles/les-melanges-fourragers-dits-meteils/
https://idele.fr/fileadmin/medias/Images/Autosysel/Fiches_t%C3%A9moignages/31_Fiche_Autosysel_Florian_LEGUAY.pdf
https://agriconnaissances.fr/fileadmin/user_upload/204_Eve-Agriconnaissances/Diversifier/Meteil_Grain/Fiche_technique_CARPESO_meteil_fourrage.pdf
https://wiki.tripleperformance.fr/wiki/M%C3%A9teil
https://www.fourragesmieux.be/Documents_telechargeables/Guide-melanges-fourragers-AFPF.pdf
https://www.arvalis.fr/infos-techniques/un-guide-pour-composer-ses-melanges-cereales-legumineuses