Plante légumineuse annuelle très appréciée des agriculteurs, le trèfle incarnat (Trifolium incarnatum) séduit autant par sa floraison écarlate que par ses multiples usages agronomiques. Cultivé pour nourrir le sol, soutenir la biodiversité, offrir un fourrage de qualité, il contribue à une agriculture durable. Entre fertilité, respect des écosystèmes, l’utilisation du trèfle incarnat s’inscrit dans une logique de productivité raisonnée.
Trèfle incarnat : présentation et caractéristiques
Originaire du bassin méditerranéen, le trèfle incarnat appartient à la grande famille des Fabacées (plantes à fleurs dicotylédones). Morphologiquement, cette plante herbacée présente des tiges dressées et velues d’une hauteur de 20 à 50 cm1. Ses feuilles trifoliées, arrondies, légèrement veloutées portent à leur extrémité des inflorescences rouge pourpre en forme de cônes cylindriques très reconnaissables.
Adapté aux climats tempérés, le trèfle incarnat affiche une bonne rusticité. Bien qu’il préfère les sols frais et bien aérés, il résiste aux gels modérés et tolère les conditions sèches sur de courtes périodes.
Sur le plan agronomique, le trèfle incarnat participe à la régénération des sols. Il capte l’azote atmosphérique grâce à ses nodosités racinaires avant de le redistribuer sous une forme assimilable aux cultures suivantes. Ce phénomène limite le recours aux engrais chimiques. Il dynamise, dans le même temps, l’activité biologique du sol.
Sur le plan fourrager, le trèfle incarnat est nutritivement très riche. Il offre une biomasse abondante, riche en protéines, non météorisante, bien adaptée à l’alimentation des bovins et des équins en sortie d’hiver. Son appétence gustative, digestible en fait un fourrage apprécié pour les dérobées fourragères.
Trèfle incarnat : utilisation et avantages
Il peut être utilisé en engrais vert. En fin de cycle, le trèfle incarnat restitue au sol l’azote accumulé dans sa biomasse (apport de 85 kg par hectare pour environ 2 tonnes de matière sèche par hectare en pur3). La fertilité et la structure des horizons superficiels s’en trouvent ainsi améliorées. Les cultures suivantes (céréales, maïs, légumes) bénéficient d’un sol enrichi et assaini.
En élevage, le trèfle incarnat s’utilise comme fourrage vert. Il permet un pâturage précoce dès l'automne grâce à sa repousse rapide, à son fort rendement en matière sèche. Mélangé à des graminées comme le ray-grass italien, il assure un équilibre alimentaire intéressant pour le bétail.
Ses fleurs mellifères contribuent à la préservation de la biodiversité. Très attractives pour les abeilles, autres pollinisateurs, elles participent à la fois à l’équilibre écologique des parcelles et au rendement des cultures fruitières à proximité. Au niveau agronomique, le trèfle incarnat participe à la lutte contre l’érosion grâce à son enracinement compact et à sa couverture végétale dense. Plante à développement rapide, il agit comme un couvre-sol naturel et limite, de fait, le recours aux désherbants chimiques. Le trèfle incarnat favorise aussi la vie microbienne. Il a ainsi toute sa place en interculture.
Cette espèce s’adapte bien aux sols pauvres de type argilo-siliceux : son système racinaire profond (jusqu’à 60 cm2) participe à leur amélioration structurelle.
Comment semer le trèfle incarnat ?
Quelques bonnes pratiques s’imposent pour optimiser la levée des semis, favoriser la croissance, la qualité de la plante.
Périodes de semis
En règle générale, le semis d’été s’effectue du 1er août au 30 septembre2. Cette fenêtre permet à la plante de s’enraciner avant les premiers froids et d’assurer un couvert dense dès le mois de mars. Dans les régions méridionales, où l’hiver reste doux, le semis peut être prolongé jusqu’au mois d’octobre. Pour les semis de printemps, la période de semis s’étend du 1er au 30 mars2.
Préparation du sol et densité de semis
Le trèfle incarnat apprécie les sols légers à moyens, bien drainés, à pH neutre ou légèrement calcaire. Avant le semis, il est conseillé d’éliminer les adventices, d’ameublir légèrement le sol, de prévoir un lit de semence fin et homogène. La graine, petite et légère, doit être mise en contact étroit avec la terre pour favoriser une germination rapide. Une profondeur de semis d’environ 1 à 2 cm2 suffit. La densité de semis pur est comprise entre 15 et 20 kg par hectare, soit environ 700 à 800 graines par m²2.
Entretien du trèfle incarnat
Pour le fourrage, il est préférable d’effectuer une coupe avant la floraison complète de la plante afin d’éviter le durcissement du foin. De même, si la culture est destinée à être utilisée comme engrais vert, on privilégiera une coupe avant la montaison, au moment où la plante concentre un maximum d’azote.
Utilisation du trèfle incarnat : quelles sont les associations de cultures possibles ou inadaptées ?
Très polyvalent, le trèfle incarnat s’intègre dans diverses associations culturales. Semé avec des graminées comme le ray-grass italien, par exemple, il crée un couvert mixte équilibré. Dans les rotations, le trèfle incarnat est idéal en alternance avec des cultures gourmandes en azote, notamment les céréales à paille (blé tendre, orge, avoine, triticale).
A contrario, les sols trop lourds, mal drainés ou sujets à l’asphyxie racinaire limitent sa croissance. De même, les conditions de sécheresse extrême ont tendance à freiner sa levée ou à réduire sa biomasse. Aussi, le trèfle incarnat est déconseillé en association avec des plantes concurrentes ou d’autres fabacées, sujettes aux mêmes maladies (pois, féverole, lentille, luzerne, certaines vesces…).
Facile à cultiver, très utile, bénéfique pour l’environnement, le trèfle incarnat garantit un sol vivant, équilibré, durablement productif. Qu’il soit exploité comme engrais vert, comme fourrage ou pour son rôle écologique, il offre aux exploitants une solution culturale à la fois pérenne, économique.
Sources :
1 https://www.agryco.be/fr_BE/blog/cultures/trefle-incarnat
2 https://www.agryco.com/blog/cultures/trefle-incarnat
3 https://www.agro-league.com/trefle-incarnat